TELL ME YOUR DREAM

H i s t o i r e ;

*Putain d'erreur de la nature !*
La petite blonde écarquilla les yeux, choquée de ce qu'elle venait de capter du cerveau dérangé de son père. Car au moment où il pensait ça, il ne regardait rien d'autre que sa propre fille. Les larmes montèrent aux yeux émeraude qui se mirent à briller dangereusement. Car elle savait que son père ne supportait pas de la voir pleurer et la première larme à couler enclencherait la terrible colère paternelle. Delilah Eve détourna alors les yeux pour sortir tranquillement de la cuisine et aller dans sa chambre. Avec ses murs blancs et son seul petit lit, rien ne faisait penser qu'une petite fille y habitait. Et pourtant.
Elle ferma la porte derrière elle et enfin à l'abri du regard de l'homme qui lui servait de père, les vannes purent s'ouvrir, inondant les joues rondes. La petite avait appris très tôt à pleurer en silence. Elle s'agenouilla au pied de son lit et elle avança un bras tremblant vers le seul tiroir qui lui permettait de ranger ses quelques affaires. Après une longue minute de recherche intense, la petite main sortit du tiroir, serrant entre ses doigts potelés ce qui semblait être le plus merveilleux des trésors. Elle aplatit le vieux morceau de papier sur le sol, et contempla enfin les doux et fins traits du visage de sa mère qui lui souriait. Étant morte seulement quelques mois après sa naissance, elle ne l'avait jamais connue. Et pourtant elle était persuadée en son for intérieur que sa vie aurait été toute autre si elle était restée vivante. Qui sait ? Peut être son père l'aurait-il aimée...

« Delilah Eve... Dis-moi, qui t'as fait ça ? »
Les grands yeux embués fixèrent l'homme en uniforme, puis détournèrent le regard pour s'attarder sur les quelques ustensiles étranges qui l'entouraient. Un hôpital. Voilà l'endroit où elle se trouvait le lendemain de son douzième anniversaire. A cet âge, on comprenait pourquoi un homme en uniforme venait vous voir lorsque vous arriviez défigurée à l'hôpital, mais lorsque votre bourreau était votre père, pour rien au monde vous ne l'auriez dénoncé. Elle pensait qu'elle pouvait toujours récupérer un semblant d'amour paternel. Quelle naïveté.
*C'est le père. J'en suis sûr. Mais bordel de merde, seul un monstre pourrait faire ça !*
« Mon père n'est pas un monstre ! C'est ma faute ! »
Elle allait ajouter que c'était elle l'erreur de la nature, mais soudain, elle se rendit compte de ce qu'elle venait de dire. Elle plaqua la main contre sa bouche, pétrifiée d'horreur. Le policier quant à lui la regarda, stupéfait. Comment cette gamine avait-elle pu savoir ce qu'il pensait exactement ?! Les larmes remontèrent aux yeux de la petite fille. Elle l'avait fait. Elle venait tout juste de dénoncer son père au policier, et même si c'était pas inadvertance, elle venait tout de même de le trahir.
« Ne t'inquiète pas, tu peux tout me dire. »
L'homme avait un sourire doux, et ne semblait pas se préoccuper de savoir de quelle manière elle avait ainsi sondé son esprit. Apparemment seul le bien de la petite fille lui importait. Il avança la main vers elle et la posa sur son bras en un geste réconfortant. C'est alors que Delilah Eve se mit à hurler, prise de panique. Sans même savoir pour quelle raison, elle aurait tout donné à ce moment pour que l'homme s'éloigne d'elle le plus possible, et qu'il sorte même de la chambre. C'est ce moment que choisit l'assistante sociale pour faire son apparition. Le policier, lui, fit trois pas brusques en arrières, comme s'il venait de plonger son bras dans une flamme brûlante, et non tout simplement le poser sur une enfant.
La femme s'était alors avancée vers elle afin de la rassurer, et peu à peu, Delilah Eve avait retrouvé son calme. Ce jour-là, elle apprit que leurs voisins avaient déjà alerté l'assistante sociale depuis quelques mois, et qu'elle avait aussitôt commencé son enquête sur le père indigne. Ce jour-là fut le dernier où elle vit son père. Et celui où elle découvrit sa nouvelle "famille". (underco)

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